C’était le 15 mars 2020, je roulais tranquillement en revenant d’une fin de semaine magnifique en péninsule acadienne pour travailler le développement philanthropique de la Fondation communautaire local avec les membres du conseil d’administration. Comme tout le monde j’étais sous le choc : lorsque j’étais arrivé le jeudi on se faisait la bise et on se serrait la main et en quittant, on se faisait des bye bye à deux mètres, c’était le début de la distanciation sociale.
Lorsque le 23 mars est arrivé, l’annonce a été faite, le Québec est en pause, en pause de tout. Ça ou un coup de masse dans le front, c’était la même chose. Plusieurs clients que j’accompagne en développement philanthropique ont mis les projets sur pause également. Je me suis alors dit : ça y est, nous allons reculer au niveau de l’éducation philanthropique. Car, au Québec, en plus de promouvoir les services ou les projets des organismes, il faut travailler sur l’éducation philanthropique de la population. Depuis plus de 20 ans, je suis dans le milieu philanthropique et bien entendu, jamais je n’avais vécu pareil bouleversement.
Je me suis dit : les entreprises ferment, les employées sont mis à pied, les hôtels et les restaurants sont vides, c’est le recul inévitable de la philanthropie. À chaque crise financière, il y a un certain recul du niveau des dons mais cette fois-ci, j’anticipais un recul sans précédent.
Lorsque pour le bien de nos ainés, le gouvernement a demandé aux personnes de 65 ans et plus de demeurer chez eux, il y a eu un phénomène que je n’avais pas évalué, le retrait de nos ainés des organismes. Ceux-ci composent 46% des bénévoles au Québec et leur retrait a eu un impact direct sur les services rendus à la population. Dans un premier temps, le manque de mains pour effectuer les services rendus par les divers organismes a éveillé la population sur le travail énorme que les plus de 16 000 organismes effectuent dans les communautés. Par la suite, la population s’est montrée très généreuse envers les organismes.
Selon le plus récent sondage réalisé par l’institut Mallet, durant les 6 derniers mois de 2020, les Québécois ont confirmé la générosité dont ils avaient déjà fait preuve au premier semestre. Le nombre de donateurs est passé de 71% à 76%. Ainsi, 3 personnes sur 4 ont fait un don à une ou plusieurs causes sociales, communautaires ou humanitaires depuis le début de l’été 2020, peu importe la façon.
Contrairement à ce qu’on aurait pu penser, l’éducation philanthropique s’est donc accélérée instinctivement durant la pandémie.
J’accompagne de nombreux organismes et entreprises qui veulent se structurer ou restructurer au niveau de la philanthropie et les habitudes de dons ont changé c’est certain, mais la générosité est là pour rester et va continuer d’évoluer.
Et vous, de quelle façon la pandémie a affecté vos actions philanthropiques?
Claude Lestage
Consultant sénior en gestion et développement philanthropique
418-951-8167
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